Dans les milieux méditerranéens les conditions climatiques de sécheresse et de vent fort, ainsi que la spécificité de la végétation ligneuse pour sa combustibilité, ont de tout temps été la cause d'incendies fréquents et parfois de grande ampleur. Aujourd'hui on assiste à une modification de l'espace du fait de l'augmentation de l'urbanisation en milieu naturel et de l'embroussaillement de zones rurales consécutivement à la déprise agricole. On observe un accroissement de la surface de contact entre les espaces naturels combustibles et les habitations. Cette situation augmente simultanément les risques de départ de feu, que l'on sait principalement liés aux activités humaines, ainsi que les enjeux puisqu'il s'agit en priorité de protéger les personnes et les biens. Actuellement l'Etat met en place différents outils pour renforcer les mesures de prévention contre les incendies de forêts et améliorer la prise en compte des aléas dans l'aménagement des espaces sensibles.
La prise de décision en matière d'aménagement pour assurer une meilleure protection doit reposer sur une bonne connaissance du risque sur l'ensemble du territoire et en particulier de la probabilité qu'un événement se produise et puisse atteindre une zone vulnérable.
Notre Laboratoire a travaillé en concertation avec des gestionnaires du risque sur l'élaboration d'une méthode de cartographie des aléas feux de forêt sur le département de l'Aude. L'étude met en oeuvre un ensemble de procédures d'analyses spatiales basées sur l'utilisation d'un SIG (à partir des caractéristiques du milieu) et sur l'intégration d'un modèle dynamique de simulation de propagation d'incendies.
Il s'agit en premier lieu d'identifier les secteurs à protéger, c'est-à-dire ceux qui ont une forte probabilité d'être touché par un incendie de forte intensité, éclos en n'importe quel point de territoire ; cette composante du risque est nommée aléa subi. Cette approche est complétée par la cartographie des secteurs où peuvent facilement éclore des incendies de forte intensité et pouvant menacer de grandes surfaces du territoire; ce deuxième aspect du risque analysé est l'aléa induit. L'évaluation spatiale de ces deux composantes du risque intègre dans un modèle trois niveaux d'analyse :
- la probabilité de départ de feu,
-
l'intensité potentielle des incendies déclarés,
-
le parcours probable des feux.
Les deux premiers niveaux d'analyse sont abordés selon une approche indiciaire classique par croisement de couches d'information géographiques relatives aux facteurs de causalité d'éclosion et de propagation des feux. Il s'agit d'une approche « statique ».
Par contre pour le troisième point, les données statistiques concernant les feux passés n'étant pas suffisantes, nous avons proposé le développement d'une approche « dynamique » basée sur la simulation d'une succession d'incendies. Le développement d'une chaîne de traitement automatique, couplant un outil de simulation de propagation (FARSITE) et un logiciel de système d'information géographique, a permis la simulation de feux à partir d'une grille de points d'éclosion régulière ( 300 mètres , en renforçant des zones préférentielles d'éclosion liées aux activités humaines). Pour chaque point de départ de feu est affecté d'une valeur de probabilité d'éclosion évaluée par la méthode indiciaire. Le parcours de l'incendie est simulé en propagation libre, sous l'influence des conditions climatiques de référence choisies pour chaque portion du territoire.
Au total, pour couvrir la zone d'étude de 6 200 km 2 , 65 300 feux de forêts ont été simulés.
Le résultat est un fichier d'enveloppes de propagation unitaires utilisées ensuite dans l'évaluation des deux niveaux d'aléa. L'occurrence spatiale de l'aléa subi, c'est-à-dire la probabilité en un point d'être touché par un feu, est le résultat de la superposition et de l'addition des enveloppes. L'occurrence spatiale de l'aléa induit, ou probabilité d'être la cause d'un incendie, est obtenu en ramenant les valeurs de surface de propagation, combinée à la probabilité d'éclosion, à chaque point de départ de feu et en interpolant pour obtenir une information continue.
Les enveloppes de propagation sont également utilisées pour intercepter les valeurs d'intensité potentielle calculée par la méthode indiciaire.
Un modèle de combinaison de l'occurrence spatiale et des niveaux d'intensité potentielle a permis d'obtenir de manière indépendante la cartographie de l'aléa induit et de l'aléa subi à une échelle d'utilisation de l'ordre du 1/1OO OOO.
La deuxième étape de l'étude correspond au calcul d'un indice de risque synthétique sur les communes considérées comme sensibles et retenues à la fois pour leur niveau d'aléa subi et pour leur dynamique démographique. Cet indice intègre, en plus de l'évaluation de l'aléa subi et de l'évolution des populations sur les 20 dernières années, une estimation non exhaustive des enjeux concernant l'habitat, faite à partir d'une photo-interprétation (mission Infrarouge de 1999).
C'est en partie sur la valeur de cet indice qu va se définir un ordre de priorité des communes dans la démarche de prescription d'un PPRI. |
